La lose, on dit sans souci qu’on l’a, enfin plus précisément qu’on l’a eue, on n’y voit aucune responsabilité personnelle. En revanche, on crèverait sans doute d’être perçu comme un loser. C’est sur cette frontière que j’achoppe systématiquement.
Puisque, si l’on peut bien vivre avec ses loses, avec sa lositude oserait sans doute Mme Royal, est-ce possible de bien vivre l’état de loser ?
Un loser sur quel plan et de quel point de vue, me répondrez-vous. Et vous aurez absolument raison, puisque c’est le cœur du sujet. Cela me rappelle cette citation, inscrite sur une petite plaque en émail qu’une amie avait ramenée des États-Unis d’Amérique : « if at first you don’t succeed, redefine success ».J’aime bien cette idée-là. Celle où chacun a cette liberté d’être, à ses propres yeux, sur le bon chemin. Comme ce personnage de la série Shameless, ce père défaillant, alcoolique, drogué, égoïste, irresponsable, méchant, qui du point de tous les autres protagonistes est un loser absolu. À plusieurs reprises, au fil des 11 saisons, place est laissée à quelques monologues de sa part, où il exprime à quel point cette vie est celle qu’il souhaitait. Ce qui est assez étonnant, c’est que j’ai fini par m’attacher à lui. Il y a une forme de beauté dans son nihilisme qui force le respect, alors même que le type est objectivement détestable. Avoir la lose est à la portée de chacun, être un loser exige sans doute un certain panache.
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