Peut-on loser tranquillement ?

Je ne crois pas, non. Il semblerait qu’il soit nécessaire de présenter un récépissé. À savoir, le rebond attendu : la réussite, la leçon de vie. Pire : la transformation et sa sacro-sainte satisfaction. L’acceptable, c’est la chrysalide ou mieux, le papillon. Mais le format chenille, qu’on se le dise, doit être tenu secret.

Et là, je ne suis pas d’accord (tremblez). Notez, aucun jugement de ma part ici, personne n’a envie d’exposer au grand jour ses galères en cours ou celles qui poissent à vie. Ce qui me fait un peu tousser, c’est cette pression sous-jacente, un tantinet systémique à vue de nez : l’échec est admis à la seule condition d’avoir laissé place à une meilleure version de soi. Tout du moins, c’est l’effet que procure – au hasard – la lecture de LinkedIn et consorts. Qui nous assènent à longueur de scroll une version start-upisée de nos existences, dans laquelle l’échec est dicible tant qu’il est la condition – post-rationnalisée, bien entendu - du succès. Mais que faire, alors, de nos loses qui ne sont rien devenues ? Qui n’ont servi à rien, à personne, pas même à soi ? Je proclame vitale l’inutilité de la lose. Je milite pour la réhabilitation de nos loses inutiles. Et je vous laisse avec la sculpture de chien la plus ratée au monde (qui n’est pas de mon fait, je décline toute responsabilité en cas de cauchemar) et deux récits de loses scolaires, splendidement ineptes.


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Extension du domaine de la lose

Extension du domaine de la lose

Par Camille Lamouche

Née en 1980 dans une banlieue molle, j’écris depuis l’âge que j’ai en tenant ce véritable César, là, avec ce petit sourire pincé et cette robe que j’ai tant aimée. Aucun lien de causalité, c’était l’occasion de ressortir la photo. Passablement dingue de lectures, j’aime aussi observer mes comparses dans ce monde de fou et rire avec eux dès que cela s’y prête. Et la lose s’y prête bien.

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